Extrêmement touchée et honorée que John King publie une de mes nouvelles dans son fanzine Verbal. Merci, infiniment, cher John !
Vous pouvez commander là : http://www.london-books.co.uk/books/verbal.html
Extrêmement touchée et honorée que John King publie une de mes nouvelles dans son fanzine Verbal. Merci, infiniment, cher John !
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Marie et Nabil avaient tout pour être heureux. Amoureux, parents d’un petit garçon, ils suivaient leur petit bout de chemin, dans un anonymat joyeux. Quand Marie commence à souffrir d’hypothyroïdie, et surtout quand on diagnostique à leur fils des troubles autistiques, le couple cherche des causes aux maux qui l’ont atteint.
Philippe, scientifique de renom, donnait des cours en fac et écrivait des articles dans des revues. Quand il est contacté par un vieil ami pour intégrer la commission de l’Union européenne en charge des études et dangers potentiels des perturbateurs endocriniens, il est ravi de mettre ses compétences au service d’une grande question de santé publique.
Franck était journaliste au Monde. Quand il se voit confié une enquête sur un couple, en Province, qui prétend être affecté par des produits chimiques provenant d’une usine près de chez eux, il y va d’abord à reculons. Quand ses patrons refusent son article, victimes de menaces de retraits de publicités émanant de leurs actionnaires, et indirectement du lobby de l’industrie chimique, il décide d’approfondir le sujet…
Vous aviez vraiment envie d’en savoir plus sur ces substances chimiques présentes dans votre alimentation et vos objets de tous les jours, que vous ingérez sans qu’on vous demande votre avis, et qui sont susceptibles de vous filer du diabète, des cancers ou de vous rendre stériles ? Pas vraiment, hein ? Il fallait le talent de Michaël Mention pour s’attaquer à un sujet pareil et en faire un roman impossible à lâcher.
L’intrigue commence doucement, avec la description du quotidien de gens ordinaires, une petite famille attachante, qui pourrait être la vôtre. Puis, elle se déroule, au présent, au gré des découvertes des différents protagonistes qui n’auraient jamais dû se rencontrer et se retrouvent en première ligne face aux géants de l’industrie chimique prêts à tout pour défendre leurs (énormes) intérêts financiers. Intimidations, procès, diffamations, rumeurs, agressions, les lobbyistes (anonymes mafieux) exercent leurs méthodes, de plus en plus agressives, à mesure que les personnages principaux (parfaitement incarnés) tentent de dénoncer un système qui fait s’enrichir quelques-uns en empoisonnant la masse.
La construction du roman, qui fait s’accélérer les révélations, de plus en plus abominables, et souligne les conséquences sur leur vie privée du combat des héros, est remarquablement maîtrisée.
Documenté comme une investigation journalistique couvrant plusieurs décennies, De mort lente déploie sa mise en scène, tendue comme un film de Pakula. Rappels d’événements historiques qui nous ont tous marqués, extraits de musique participant à l’émotion, Mention, comme à son habitude, constelle son récits de points de repère qui incluent le lecteur dans l’histoire, la font sienne. Notre empathie et notre rage ne peuvent que croître. Le combat est inégal, semble perdu d’avance. Mais, contre les puissants qui avancent masqués, des petites gens se dressent malgré tout, nous rappelant que la lutte n’est jamais vaine et que l’Humanité (en tout cas, une partie d’entre elle) mérite d’être sauvée.
De mort lente / Michaël Mention, Stéphane Marsan, 2020
Quand Zack le beau gosse et Baloo le géant noir se retrouvent à une table de poker, les autres joueurs finissent à poil. Normal, ils sont inséparables depuis l’école et ont eu tout le loisir de peaufiner leur numéro de duettiste. Ecumer casinos de province, tripots parigots, hangars discrets où circulent argent et petites pépées, ils s’y consacrent à temps complet et détroussent à la loyale les prétentieux qui se prennent pour des cadors et pensaient maîtriser la donne. Maxine, jolie blondinette qui connaît tous les tours, entre en piste. Voilà pour le côté face.
Pour être un grand joueur de poker, il faut savoir bluffer. Et Philippon, en as de la manipulation se pose là. A l’instar des naïfs que les deux compères plument en leur laissant croire qu’ils vont l’emporter, quand on commence à comprendre que Joueuse, sous ses airs cartoonesques, sa façade de polar rétro avec sa gouaille à la Audiard, n’est pas un gentil roman simplement distrayant et léger, eh ben, c’est trop tard, le mal est fait, on s’est fait filouter sans avoir rien vu venir, et on n’a plus que les yeux pour pleurer.
Il nous avait déjà fait le coup avec Cabossé et Mamie Luger pourtant. On était sur nos gardes. Et Bam ! Comme des bleus, il nous cueille. Au rythme trépidant du road trip en R5 qui mène la bande de Paris à la campagne limousine, notre petit cœur tressaute à chaque chaos de la route. Des bourre-pifs jubilatoires dans les trognes des péquenauds sexistes croisés en chemin ? Y’en a ! Des cassages de gueule libérateurs de pleutres qui agressent les demoiselles ? Y’en a ! Un justicier masqué suicidaire, une jeune femme meurtrie qui fomente sa vengeance, un beau parleur qui a peur de s’attacher, un gosse surdoué craquant ? Y’en a !
Il y a surtout une histoire si triste, sublimée par des personnages qui nous confient leurs failles et leurs tourments, et ce constat, au bout du compte, tellement rassurant, qu’on est encore capable d’être extrêmement ému, d’éprouver, alors qu’on se craignait blasé, tellement de rage et tellement d’amour.
Joueuse / Benoît Philippon. Les Arènes (equinoX), 2020